398                         Les Spectacles de la Foire.
trouppe des Pygmées continue toujours de crier à toutes les pcrfonnes qui patient devant le lieu de leur établiffement que c'eft chez eux que l'on voit l'homme à deux teftes, ce qui caufe au plaignant une perte notable et em-pefche que plufieurs perfonnes curieufes ne voient ledit plaignant qui par ce moyen eft troublé contre l'ordre dudit privilège et ordonnance eftant au bas de ladite requette, nous ayant mefme apporté une des affiches imprimées de ladite trouppe, fur laquelle eft écrit : La trouppe royalle des Pygmées ejlablie à Ja Foire St-Laurent vis-à-vis l'homme à deux te/les, repréfentera tous les jours pen­dant ledit temps tous lesplaifirs de la foire en petit,/avoir : l'homme à deux teftes, etc. Nous requérant ledit Mondain vouloir nous tranfporter en ladite foire pour, en vertu de ladite ordonnance de mondit fleur le Lieutenant général de police, faire deffenfes à ladite trouppe de plus troubler ny empefeher le plai­gnant de jouir dudit privilège et de faire ofter par tous les lieux où font affi­chés lefdits imprimés. Nous ayant dit et fait plainte de plus ledit Mondain que plufieurs perfonnages de ladite trouppe le menacent journellement de le mal­traiter, et le jour d'hier, fur les quatre heures de relevée, un particulier ayant efpée au codé feroit venu au plaignant auquel il auroit dit en ces mots : « Je veux vous dire un mot», à quoy le plaignant ayant reparty qu'il n'avoit qu'à parler, ledit particulier qui eft un de ceux de ladite trouppe luy auroit dit qu'il vouloit luy parler en particulier et à quatre pas de là et qu'il avoit à luy parler en particulier, ce qui auroit obligé le plaignant de prendre fon man­teau dans la croyance qu'il euft quelque chofe de particulier à luy dire et l'auroit tiré le plus loing de fa loge qu'il auroit pu et, ne voyant perfonne, auroit dit au plaignant : « Eft-ce pas vous qui déchirez mes affiches ?» à quoy le plaignant ayant refpondu qu'ouy, il fe feroit retiré deux pas et mettant la main fur la garde de fon efpée fe feroit mis en devoir de la tirer en difant au plaignant qu'il vouloit le voir l'efpèe à la main ; ce que voyant le plai­gnant et craignant l'emportement dudit particulier fe feroit retiré : Dont et de tout ce que deffus ledit plaignant nous a requis acte, etc. Sur quoy nous, confeiller et commiffaire fufdit, fuivant le réquifîtoire dudit Mondain, homme à deux teftes, fommes tranfporté en ladite foire St-Laurent, et en chemin aurions vu quantité d'affiches, pareilles à celle cy-deffus, affichées, favoir à l'hoftel dela Feuillade, fous la porte St-Denis et aux portes de ladite foire, où eftant ferions entré dans une loge où nous aurions veu au-deffus et à cofté de la porte quantité defdites affiches, et eftant dans ladite loge nous fe­rions adreffé au nommé du Vaudier, joueur de marionnettes, auquel ayant fait entendre le fubjet de notre tranfport, et demandé audit du Vaudier pour­quoy, au préjudice du privilège accordé par le Roy audit Mondain ct per-miffion de M. -le Lieutenant général de police, il a fait imprimer quantité d'affiches dans lefquelles il promet au public faire voir l'homme à deux teftes, lefquelles affiches et imprimés il a fait afficher et diftribuer journellement dans ladite foire en criant publiquement : « C'eft icy que Ton voit l'homme à deux teftes I » Lequel Vaudier nous a dit qu'à la vérité depuis huit jours il s'eft affocié avec la trouppe royalle des Pygmées, lefquels ont fait afficher